« Archéologies »

Galerie Jacques Lévy, Paris, septembre - novembre 2019
« Pour sa deuxième exposition monographique à la galerie Jacques Lévy, Sylvia Tabet nous invite à une plongée au cœur du vivant et ses phénomènes, perception subtile de la richesse et des énergies graciles des mondes végétaux et minéraux. Il s'agit de peintures délicates où s’inventorient différents spécimens, vestiges matériels, corps architecturaux, roches sédimentaires semblant provenir de lieux anciennement habités ou de gisements nouvellement révélés. On y découvre une esthétique de la collecte, dans une extension subtile, sensible et ouverte à la matière du schéma plus classique de représentation et de classification scientifique: formes successives, ensemble d'objets réunis en série dans une logique de ressemblance fondée sur des caractères morphologiques et anatomiques communs. Suivant un procédé pictural de fossilisation, les éléments se sont cristallisés dans une atmosphère évanescente, quasiment fantomatique. Loin d'être des fragments ou des résidus, l'essence et la puissance des formes sont maintenues comme autant de présences inédites. Tous conservent dans leur structure la trace de leur origine. C'est l'évolution et les variations d'un territoire, d'une culture, d'une civilisation. Une résistance à travers différents champs chronologiques. Un déplacement, fait d'aller-retours incessants entre le passé et le présent, entre ce qui est et n'est plus. »
Mélanie Olivier, Galerie Jacques Lévy, Paris
Traces, Technique mixte sur toile, 100 x 81 cm, 2017
L’archéologie est l’étude de l’homme depuis la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine à travers les vestiges matériels qu’il s’agit d’exhumer. Cette exhumation nécessite des recherches et des fouilles qui, en tant que telles, font archéologie. Ainsi, les traces et objets laissés par l’homme participent de l’explicitation de l’organisation des sociétés humaines. J’ai choisi, après l’évocation de la sédimentation et de l’eau - rappels « neutres » d’un contexte - de centrer mon intérêt sur le minéral organisé par l’homme. Ce passage à « l’âge de conscience », dans la mesure où il n’existe pas de civilisation qui ne compte dimension politique et spirituelle, postule la reconnaissance de la vie et de la mort. Il donne lieu, de fait, à une « configuration » qui, pour toute société, pose l’existence et ses règles collectives. Des sédiments à la ville dévastée, je propose ici un ramassé qui donne à voir une dramaturgie sociétale, de l’apothéose au chaos - soit une tentative de compréhension de ce qui advient aujourd’hui : un monde passé au mode de survie.
Sylvia Tabet, septembre 2019