Loire, Lignes de fuite

Hôtel de Ville de Blois, septembre 2021
Lorsque j’étais enfant, on me montrait souvent les tableaux d’Olivier Debré, c’était avant son travail sur la Loire. Or depuis un an que je vis essentiellement à Blois, souvent j’arpente seule les bords du fleuve. Rives indomptées, flore et faune, lumière insaisissable mais omniprésente ; neige… Le site est un cadre unique en tant que tel, où les existences encore sauvages offrent une percée directement dans la ville. La Loire est un miroir de l’âme et en cela, constitue un objet pictural augmenté : un paysage romantique et illimité, sinon par ses lignes de fuite et des perspectives inspirantes. Un monde intime, aussi, où notre propre vie, au cours de ces promenades, est présente mais légère ; la pensée s’épanouit comme les oiseaux nichent dans les buissons qui jouxtent les deux rives. Mais toujours, cette pensée se dérobe face au spectacle. La Loire coule, elle draine du bois flottant et tout autant nos rêveries qui ne font qu’affleurer et fuir dans le courant qui s’accroche aux herbes, on croirait qu’il ne se passe rien. Mais partout le vivant, par le mouvement, s’impose. Le temps, dans son mystère, sans rien nous dévoiler d’autre que le théâtre des seules saisons, ainsi de l’eau et l’esprit, court et nous désigne l’existence. Une référence depuis cette eau vive mais tranquille, sereine et royale, les mots du philosophe Henri Bergson où « la Pensée et le Mouvant » impriment l’idée de durée, avec, pour pilastres, « le possible et le réel ».
Sylvia Tabet, juillet 2021

Dans la presse :
La Nouvelle République, 11 septembre 2021
La loire entre les lignes.
"Du noir. Du blanc. Du jaune. Et c’est tout. Les ondulations de la Loire, simplement évoquées. Une ligne évoque la berge. Une ombre, un arbre. Une douce tranquillité. Les paysages de Sylvia Tabet peuvent sembler simples. Pourtant les Blésois les voient tous les jours : les bords de la Loire." Lire la suite...
Bord de Loire, Technique mixte sur toile, 100 x 81 cm, 2021